Les appels confinés pour conserver le lien à distance

Article de La Vie sur l’action de GlobeConteur et Manou Partages pendant le confinement.

Les bénévoles de l’association Globe conteur collectent les souvenirs de nos aînés afin de rendre vivant notre passé collectif et de tisser du lien entre les générations.

« Le 28 mai 1944, c’étaient les derniers bombardements à Nantes. La maison que nous habitions n’était plus qu’un tas de pierres et de cailloux ! » La voix d’Annick Giraud, 89 ans, est vive et dynamique à l’évocation de ses souvenirs vieux de 75 ans, toujours bien frais dans sa mémoire. Ses récits de jeune Nantaise en temps de guerre sont disponibles gratuitement sur le site internet de l’association Globe conteur. Créée en 2017, elle oeuvre à la transmission de l’histoire populaire entre les générations en effectuant la collecte de récits de vie par audio, vidéo ou écrit ; elle redonne ainsi aux aînés une place centrale dans la société. 

Comme Annick, 120 autres « globeconteurs » dans toute la France racontent les pensionnats de filles et de garçons, la pêche à la bernique ou la liesse à la Libération. « Cela permet de comprendre la grande Histoire à travers les anecdotes individuelles, explique Cédric Jolivet, coordinateur de l’association. Il s’agit aussi d’offrir un temps d’écoute et de partage unique pour les seniors comme pour les collecteurs bénévoles. » Menant habituellement des actions de sensibilisation sur le terrain, notamment auprès d’écoles et d’Éhpad, Globe conteur a dû s’adapter en temps de confinement. En partenariat avec l’association nantaise Manou Partages, qui entretient le lien social entre les générations, des bénévoles ont contacté des personnes âgées isolées désirant confier des bribes de leur mémoire par téléphone. 

Emmanuelle Cerveau, professeure d’histoire-géographie de 50 ans, avait déjà collecté plusieurs récits depuis l’automne dernier, après avoir suivi un parcours de formation à l’écoute, mais aussi aux procédés techniques d’enregistrement audio : « Durant cette période de confinement, je souhaitais poursuivre mon engagement autrement. » Depuis mi-avril, Emmanuelle appelle donc Annick une fois par semaine et consigne sa mémoire, au gré de ses envies. « Pour moi, c’est une échappatoire, explique la volubile octogénaire. Raconter toutes ces histoires m’apporte une bouffée d’air pur, je suis toute guillerette après ! »

CÉDRIC JOLIVET, coordinateur  de Globe conteur : « Nous souhaitons régénérer  la place de l’écoute dans la société. »

ANNICK GIRAUD, conteuse : « Je raconte à  Emmanuelle ma scolarité, mon travail, l’après-guerre… en fonction de ce qui vient sur le moment ! »

EMMANUELLE CERVEAU, collectrice : « Ces  anecdotes font découvrir l’histoire autrement,  celle que l’on peut qualifier de souterraine. » 

À savoir
Pour découvrir les récits de vie de Globe conteur et devenir collecteur : globeconteur.org

GlobeConteur · Annick en 1936 à Nantes – La Triplette et moi au milieu